Les Enchaînements simples
Les séances à enchaînements simples regroupent deux disciplines. On peut regrouper plusieurs types de disciplines comme le rameur, la PPG, la musculation… Le tout est que ces activités se complètent. Soit on travaille sur un même thème (aérobie, technique…) soit on combine (rameur en échauffement et travail technique en vélo, ou échauffement en vélo et travail au seuil aérobie en course à pied…) Tout est possible. Le tout est de ne pas céder à l’euphorie à chaque transition, rester concentré sur le travail à effectuer, d’où l’importance et l’aspect psychologique de l’enchaînement qui sera travaillé là aussi.
Natation -> Vélo
En compétition, cette liaison est le plus souvent synonyme d’appréhension et d’incertitude. C’est le stress de la première transition. Juste avant de l’aborder, on se pose des questions, du genre :
- Vais-je réussir à retrouver facilement mon emplacement parmi tous ces vélos dans le parc ?
- Quelles vont être mes sensations dès les premiers kilomètres sur mon vélo ?
- À quelle position dans le classement je vais sortir ?
- Est-ce que je ne risque pas de retrouver mes deux chambres à air éclatées sous la chaleur en ayant gonflé un peu trop ? etc.
Alors qu’il suffit d’un peu de préparation physique, un zeste de reconnaissance des lieux au préalable et une pincée d’ingéniosité pour éviter de gaspiller son énergie et même son temps.
Pour éviter de retrouver ses deux pneus éclatés à la sortie de l’eau sous l’effet de la chaleur si le parc est bien exposé au soleil sans la moindre parcelle d’ombre, mieux vaut perdre une seconde au kilomètre en gonflant ses pneus entre 6,5 et 7,5 bars au lieu de 8 bars ou plutôt que de perdre cinq minutes en remplaçant ces deux chambres à air explosées.
En natation, notre respiration est perturbée. La température de l’eau, les sollicitations musculaires réduites, l’apesanteur et les modifications de notre circulation sanguine qui en découlent sont autant de phénomènes qui compliquent notre retour sur la terre ferme. Le passage de la position allongée à la position debout va donc augmenter le volume sanguin dans nos membres inférieurs, entraînant avec lui les déchets organiques produits lors de la première épreuve. Résultat : les jambes sont lourdes et l’équilibre est incertain. Pour pallier à cette sensation désagréable, il est bon dans les dernières dizaines de mètres dans l’eau, de solliciter les jambes en insistant sur un battement régulier. En rendant actives les jambes, on déplace ainsi la masse sanguine et on évite le passage brutal de l’acide lactique dans les membres inférieurs diminuant voire annulant cette sensation de jambes lourdes. Par contre, cette pratique a un coût énergétique : faire des battements induit une élévation de la fréquence cardiaque et de la consommation d’oxygène. Il faut aussi prendre en compte le fait que le port d’une combinaison en néoprène très ajustée comprime la cage thoracique, limitant ainsi l’amplitude ventilatoire. Si l’on élève l’intensité de l’effort sur les jambes, il se crée un déficit d’approvisionnement en oxygène déclenchant une hypercapnie cellulaire (élévation du taux de gaz carbonique). Il est conseillé de se rendre à son emplacement à une intensité de course qui ne déclenchera pas l’essoufflement. Le simple fait de dégrafer et retirer le haut de sa combinaison est un élément régulateur. Par la suite, dès les premiers kilomètres en vélo, il faut se réhydrater pour diluer l’acide lactique et mouliner afin de faciliter le retour veineux, donc l’évacuation des déchets.
Vélo -> Course à Pied
Le changement d’habileté motrice est plus crucial car la fatigue des épreuves précédentes perturbe énormément la capacité à appréhender et à gérer cette phase qui vise à garantir une stabilité organique.
Lors du passage du vélo à la course à pied la dominante est neuromusculaire plutôt que physiologique. Cette notion est très importante car, après le parcours cycliste, on ne dispose plus de toute sa capacité physique (fatigue des muscles des membres inférieurs, manque de relâchement des muscles lombaires qui maintiennent le bassin plutôt en antéversion), on a l’impression de courir assis. Le passage du cyclisme à la course à pied pose aussi des problèmes proprioceptifs quant à la prise d’informations sur la vitesse de déplacement. En effet, sur le vélo, on est renseigné sur sa vitesse par des repères visuels (défilement du paysage) et auditifs (bruit que font les masses d’air en se déplaçant autour de la tête) ; lorsque l’on part à pied, ces renseignements sont complètement chamboulés, et donnent l’impression de ne plus avancer car le système d’équilibration ne s’est pas encore réajusté à ce nouveau mode de déplacement. Il est donc important, pour gérer au mieux cette phase d’instabilité proprioceptive, de se concentrer sur la qualité du geste à produire et l’alignement du corps par rapport aux points d’appui.
Pour couronner le tout, nous sommes dans la dernière épreuve et la fatigue commence à se faire ressentir. Les modifications de la foulée, d’inclinaison du buste et donc du coût énergétique influencent considérablement notre performance. S’il faut gérer l’état de fatigue et de souffrance dans laquelle on est alors plongé, on doit faire appel à notre mental afin de bannir nos doutes et nos angoisses d’une mauvaise gestion de l’effort. Ce n’est donc pas uniquement le physique qu’il faut développer pour passer cette transition avec succès.